Interview by Victor Bonnot, in French.

Welcomeurope est un cabinet de conseil en fonds publics fondé en 2000. Le constat initial à la création du cabinet est simple : les fonds européens, si ils existent et représentent une source de financement importante, sont mal connus voire inconnus de la plupart des acteurs politiques ou de la société civile. Aussi le but du cabinet de conseil est de servir de passerelle entre d’un côté les acteurs publics qui gèrent les fonds européens et de l’autre côté les acteurs porteurs de projets qui pourraient en user. Welcomeurope soutient les porteurs de projets sur les trois catégories de fonds : les Fonds intracommunautaires (programmes Life, Erasmus, Horizon 2020), les Fonds de coopération extérieure, ainsi que les Fonds européen structurels et d’investissement (FESI). Mme Vanessa Gehin est experte de cette dernière catégorie de fonds.
Quel est votre parcours professionnel ?
Actuellement consultante-formatrice à Welcomeurope, un cabinet de conseil en financements européens, j’ai une dizaine d’années d’expérience dans les fonds européens et en particulier les fonds structurels. Comme les fonds européens, le métier de “chef / chargé / ingénieur en projets européens” est assez méconnu. Pour ma part, j’a intégré la filière “Etudes européennes” à partir du Master 1 (Paris III) suite à une Licence en Langues Etrangères Appliquées (ayant une forte appétence pour les langues), et j’ai obtenu mon Master 2 pro à l’Université de Cergy-Pontoise. Avant le Master 2, je n’avais pas de vision concrète sur les débouchés possibles alors qu’ils sont en réalité très nombreux. En effet, il y a autant d’opportunités d’emploi que de programmes de financement / politiques, soit dans tous les secteurs (R&D, formation, industrie, culture, etc.) et dans tout type de structure (collectivités, entreprises, associations, universités, etc.).
Quelles sont vos missions au sein de Welcomeurope ?
Au sein de Welcomeurope, j’accompagne les porteurs de projet dans leur recherche de financements publics, le montage de leur dossier de demande de subvention, mais j’interviens également en appui à la gestion de leur projet afin de les sécuriser un maximum et optimiser la subvention à percevoir. J’ai aujourd’hui un positionnement intéressant dans le sens où, après avoir eu plusieurs expériences en tant que bénéficiaire de subvention, mais également en tant qu’instructrice- gestionnaire au sein d’un organisme intermédiaire en charge du FSE, j’agis maintenant pour faire le lien entre les porteurs de projet et les autorités de gestion afin que les premiers puissent mettre en œuvre des projets à forte valeur ajoutée qui ne pourraient voir le jour sans subvention, et que les seconds contribuent à la réalisation de la politique régionale de l’UE tout en s’assurant de la bonne utilisation des fonds publics.
Quel est le réel impact des Fonds européens structurels et d‘investissement (FESI) au service des territoires ?
Dans une période dans laquelle le nationalisme et l’euroscepticisme se développent dans beaucoup de pays, il me semble important de revenir à la base de la création de l’UE: la paix. Les fonds européens, dont les fonds structurels, ont été créés post-guerre afin de contribuer au maintien de la paix et d’aider les régions les plus défavorisées à se développer. Ainsi, la politique régionale se base sur le principe de solidarité : les fonds sont redistribués là où il y en a le plus besoin.
Au-delà de ce point, l’Europe est souvent très critiquée alors même que ses citoyens ne connaissent pas l’ensemble des opportunités de financement qu’elle propose pour la réalisation de projets. Les FESI en particulier œuvrent au quotidien tant en investissant dans la construction d’hôpitaux, de production d’énergies renouvelables, de déploiement de la fibre, ou encore dans la formation continue et la promotion de l’égalité femme-hommes par exemple. Et ce, sans que le grand public ne soit conscient de ces investissements européens.
Les autorités de gestion, comme les porteurs de projet, doivent donc poursuivre leurs efforts de communication sur les fonds européens afin de les faire connaître du grand public.
L’Europe est souvent très critiquée alors même que ses citoyens ne connaissent pas l’ensemble des opportunités de financement qu’elle propose pour la réalisation de projets. Les FESI en particulier œuvrent au quotidien tant en investissant dans la construction d’hôpitaux, de production d’énergies renouvelables, de déploiement de la fibre, ou encore dans la formation continue et la promotion de l’égalité femme-hommes par exemple.
Quel bilan faites vous de l’utilisation des fonds sur la période de programmation 2014- 2020 en France?
Le bilan est mitigé à mon sens en France. Certes, de beaux projets ont été financés et ont pu se réaliser. Mais à quel prix ? De nombreux autres n’ont pas pu être réalisés car les porteurs de projet n’ont pas pu avancer la trésorerie nécessaire, ou se sont retrouvés en difficultés car les paiements tardaient pour des raisons complètement indépendantes de leur bonne volonté.
Les fonds sont là, les projets également, mais la rencontre des deux mondes se fait difficilement. Cela s’explique par plusieurs choses : nouvelles autorités de gestion (Conseils régionaux) désignées en 2014, la loi de décentralisation en France, qui a eu pour conséquence l’adoption tardive des programmes opérationnels, il a fallu prévoir le temps de recrutement et de formation des équipes gestionnaires, etc.
A un an de la fin de la période de programmation, des fonds sont encore disponibles. Même si un certain nombre de projets sont en cours d’instruction, on peut s’interroger sur la capacité des Régions, de la France, à consommer entièrement les enveloppes dédiées lorsque l’on se penche sur les chiffres des versements effectivement réalisés. Ceci rend d’autant plus difficile pour la France les négociations actuelles du futur budget 2021-2027.
Quant aux deux enjeux majeurs pour la prochaine période 2021-2027, il s’agit d’une communication accrue sur l’existence des fonds, mais également la nécessité de simplifier du processus de contrôle de l’usage des fonds. La Commission européenne travaille justement sur cette simplification qui réduirait la frilosité des porteurs de projet que des autorités de gestion.
Justement, comment simplifier le processus d’accès aux fonds structurels?
Comme mentionné ci-dessus, un important travail de communication doit encore se poursuivre pour faire connaître les fonds et la démarche à suivre.
En effet, très souvent, lorsque les porteurs de projet ont connaissance de ces opportunités, ils ne savent pas à qui s’adresser en raison de la multitude d’acteurs: les Régions, les DIRECCTE, les Départements, des CCI, les autres organismes…. La réduction du nombre d’acteurs gérant les fonds européens sur un territoire donné, ou a minima la liste de l’ensemble des acteurs avec leurs prérogatives publiée sur un site unique d’information sur les fonds européens serait un plus. Sans parler de l’harmonisation de la forme et des contenus des différentes sources d’information pour gagner en lisibilité.
En plus de la communication, il est important que les autorités de gestion accentuent davantage leur accompagnement des porteurs de projet. Encore faut-il qu’elles soient dotées de moyens humains, de compétences et de moyens financiers suffisants ! L’objectif est de pouvoir aider un porteur de projet à déposer un dossier de qualité facilitant ainsi son instruction et raccourcissant ainsi les délais de traitement, tout en tenant compte que la phase d’instruction est la plus importante puisque c’est elle qui va déterminer le montant de la subvention, l’ensemble des pièces justificatives à produire, en deux mots : sécuriser le projet.
En résumé, il y a toujours des marges de progrès, et la volonté de la Commission européenne de simplifier peut nous laisser penser à ce que davantage de porteurs de projet puissent bénéficier de fonds structurels est dans de meilleurs conditions pour la prochaine période de programmation.
Pour plus d’informations, site web du cabinet Welcomeurope : https://fr.welcomeurope.com

Article published on December 2019